Les rapaces nocturnes

  • Classification des hiboux et chouettes:

La famille des Strigidés fait partie avec la famille des Tytonidés de l’ordre des Strigiformes. Cet ordre regroupe tous les rapaces nocturnes de la planète. Il regroupe hiérarchiquement 2 familles, 3 sous-familles, 27 genres et 226 espèces de rapaces nocturnes.

Strigiformes

En France les 2 familles de Strigiformes (Tytonidés et Strigidés) sont représentées: les Tytonidés par une seule chouette du genre Tyto, la Chouette effraie (Tyto alba). La branche des Strigidés (et ses 3 sous-familles: Striginés pour les grands hiboux et chouettes, Surinées pour les petites Chouettes et les Asioninés pour les hiboux de tailles moyennes à aigrettes) est en revanche plus nombreuse sur notre territoire avec pas moins 8 espèces de Hiboux et de Chouettes, dont le célèbre Hibou grand-duc (Bubo bubo), le plus grand rapace nocturne au monde.

Et enfin la représentante des Tytonidés:

La Chouette effraie étant la seule de sa famille en France, elle est souvent rattachée avec les autres hiboux et chouettes pour faciliter la lecture et être exhaustif dans la présentation des espèces.

Il faut savoir que la classification systématique des Strigiformes est sujette à de nombreuses versions selon les scientifiques qui regroupent différemment les rapaces nocturnes entre eux (Classification basée sur des critères génétiques, les mœurs, les détails anatomiques, etc.). Ainsi le nombre d’espèces varie d’une classification à l’autre. La classification retenue ici est la plus communément acceptée (Systématique de Wolters – Voir tableau ci-dessous).

Contrairement à ce que pousse à penser la croyance populaire, les Hiboux et les Chouettes font partis de la même famille, et, selon les espèces, du même ordre. Ces 2 rapaces nocturnes sont donc très proches parents et ne forment en aucun cas 2 familles à part. La présence d’aigrettes (Plumes érectiles au niveau des sourcils des Hiboux) ne sont utiles que pour distinguer les espèces, pas les genres et encore moins les familles.

  • Origine des Strigiformes :

Les termes Strigiforme et Strigidé viennent du mot latin Strix qui donna les mots sorcière et stryge (Dans les croyances populaires, la Stryge était un oiseau vampire qui suçait le sang des enfants). Les Strigiformes furent probablement victimes de leurs mœurs nocturnes et secrètes qui intriguèrent autant qu’elles effrayèrent les hommes des temps anciens.

Ainsi, en se penchant sur les noms latins des Strigiformes, on découvre que le champ lexical de la mort et de l’étrange est présent: StrixAegolius funereus (Funerus pour funeste, macabre), Otus magicus (Magicus pour magique, mystérieux).

De plus certains attributs des hiboux, les aigrettes, leurs ont valu l’appellation de hiboux cornus. Les hommes d’autrefois croyaient que ces rapaces étaient les envoyés des sorciers et autres personnages peu fréquentables. Un rapace nocturne et mystérieux, au cri effrayant, portant des cornes ne pouvait être de bon présage ou bienveillant.

Enfin, leurs cris lugubres finirent d’effrayer complètement les hommes (d’autant que pour certaines espèces les vocalisations sont plus proches du chuintement que du cri proprement dit).

Tous ces attributs valurent aux rapaces nocturnes d’être à la fois pourchassés et craint par les hommes. Dans de nombreux pays, les Chouettes et Hiboux sont associés au malheur, au diable, à la mort, aux fantômes, etc. Il y a quelques années encore on pouvait voir en France des Chouettes effraie clouées sur les portes des granges pour éloigner les esprits mauvais.

  • Généralités sur les Strigiformes :

Les Strigidés, et par extension les Tytonidés, sont des rapaces principalement nocturnes ayant développés des comportements propres à leur mode de vie que l’on ne retrouve pas chez rapaces diurnes. Même si un certain nombre de caractéristiques les rapprochent des rapaces diurnes comme leur bec crochu et les serres munies de griffes acérées, leur statut de super-prédateur, etc, d’autres en revanche les isolent dans cet ordre propre que sont les Strigiformes.

Sur le plan anatomique on découvre beaucoup de particularités propres aux rapaces nocturnes qui influent directement sur leurs comportements.

Par exemple, les Strigiformes ne possède pas de jabot comme les rapaces diurnes, ce qui les obligent soit à n’avaler que suivant la capacité de leur estomac soit à stocker le surplus de proies capturées dans un lieu sûr ou directement au nid. Ce type de comportement ne se rencontre que chez les rapaces nocturnes (Chouette effraie, Chouette hulotte, Chouette chevêche). Le stockage des proies en surplus n’a cependant lieu que pendant la période de reproduction durant laquelle les parents ont une nichée à nourrir.

Au sein de la nichée, les poussins naissent avec un décalage important car la couvaison débute dès le 1er ou le second œuf pondu. Dans les couvées nombreuses il n’est pas rare que l’ainé soit plus âgé d’une dizaine de jours que son dernier cadet. Ce décalage peut avoir des conséquences fatales pour les cadets en cas de raréfaction de la nourriture, mais il n’y aura pas de caïnisme comme chez les grands Aigles.

Les Strigiformes ont développé tout un équipement physique très spécialisé pour la vie nocturne. Le plus impressionnant de ces adaptations est surement la vision nocturne. En effet les rapaces nocturnes ont un sens de la vue très particulier.

Tout d’abord leurs yeux sont orientés vers l’avant et leur donne une vue binoculaire plus précise que celle des rapaces diurnes (Les angles de vue de chaque œil se croisent plus fortement) qui ont les yeux disposés plus latéralement (Large vision monoculaire et vision binoculaire sur un angle réduit). De plus les yeux des rapaces nocturnes ne sont pas mobiles mais solidaires du crâne car enchâssés dans un anneau osseux. Cette « rigidité » oculaire n’est pas handicapante car elle est largement compensée par une mobilité extrême des vertèbres cervicales (Rotation de la tête de 270°) et surtout permet une meilleure appréciation des distances, très utile pour la chasse.

D’autre part, l’œil du rapace nocturne laisse entrer entre 2 et 3 fois plus de lumière que l’œil humain, ce qui leur permet de chasser de nuit dans une obscurité presque totale.

L’autre sens hyper-développé des rapaces nocturnes qui vient en complément direct de la vision nocturne est bien sûr l’ouïe. Car si les rapaces nocturnes ont une très bonne vision nocturne, ils ne voient pas mieux dans l’obscurité totale. Le système auditif prend alors le relai. Le sens auditif permet une localisation très précise de toutes vibrations sonores.

Cette capacité sensorielle extrême est due au masque facial qu’arbore chaque espèce de hiboux et chouettes. En effet, le masque facial agit comme une parabole sonique qui concentre les ondes sonores pour les envoyer directement dans les conduits auditifs situés en bordure de masque au niveau des yeux.

De plus chez certaines espèces de petites Chouettes les conduits auditifs ne sont pas symétriques (Le conduit gauche est orienté vers le bas, et le conduit droit vers le haut). Cette asymétrie permet au rapace nocturne de localiser plus rapidement et plus précisément l’origine d’un bruissement dans les feuilles par comparaison du décalage haut/bas et gauche/droite à réception sonore.

A noter que la présence d’aigrettes (Plumes érectiles situées au-dessus des yeux) chez certains rapaces nocturnes n’ont aucun rapport avec le système auditif. Elles expriment simplement l’humeur du rapace et ainsi renseignent l’observateur sur le comportement du rapace.

Pour finir sur la spécialisation nocturne, il est important de parler du vol silencieux des rapaces nocturnes. Une adaptation des plumes alaires (Rémiges) sur le bord d’attaque de l’aile atténue les sifflements rendant le vol silencieux, indispensable lors de la chasse de nuit quand il n’y a plus le bruit de fond des activités journalières. La tranche de la plume fendant l’air est équipée de fines barbules disposés en peigne qui créent des tourbillons d’air atténuant le bruit de frottement et assurant au rapace nocturne un vol en toute discrétion sans risque d’être entendu par les proies.

Enfin, un mot sur les chants des hiboux et chouettes, les fameux hululements qui les ont rendus célèbres. Les rapaces nocturnes disposent d’un répertoire vocal très riche allant du simple cri au chant fluté et mélodieux en passant par le claquement de bec. Ce moyen de communication est propre aux Strigidés, la Chouette effraie s’exprimant par des chuintements et des expirations bruyantes plus que par des cris proprement dit.

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18 réflexions sur « Les rapaces nocturnes »

  1. christophe

    Bonjour,
    Votre site est très interessant; j’aurais besoin cependant de compléments d’information concernant les périodes de chant des chouettes et hiboux; par exemple, je crois savoir que le grand duc chante en mars et avril 3/4h avant et 1/2 h après le coucher du soleil… Qu’en est il des autres chouettes et hiboux?
    Répondent ils à la repasse? connaissez vous un livre qui explique tout cela?
    Dans l’attente de vous lire,
    Amitiés
    Christophe

    Répondre
    1. OtusScops Auteur de l’article

      Bonjour Christophe,
      Difficile de répondre à votre question… Je vais donc généraliser un peu !
      Il y a globalement 2 périodes d’activités intenses chez les rapaces nocturnes: juste avant/après (en fonction des espèces) le crépuscule et juste avant l’aube. Le premier pic d’activité (après le crépuscule) débute souvent par le chant pour délimiter le territoire et ainsi se signaler aux voisins et concurrents. On peut aussi entendre les hiboux chanter de jour.
      En période de parade l’activité vocale des rapaces nocturnes peut durer toute la nuit, et les chants de défense du territoire peuvent avoir lieu toute l’année.
      Je vous conseille de consulter le livre « Rapaces nocturnes de France et d’Europe » de T. Mebs et W. Scherzinger aux éditions Delachaux & Niestlé, la bible des hiboux et chouettes !

      Les rapaces nocturnes répondent bien à la méthode de la repasse. Mais j’attire votre attention sur cette pratique qui est utilisée pour recenser les populations, l’utiliser à mauvais escient perturbe le bon déroulement de la reproduction. En effet le mâle interprète la bande son comme la présence d’un concurrent et délaisse sa partenaire ou sa nichée pour se consacrer à l’expulsion de l’intrus de son territoire. Il est donc très déconseillé de provoquer mâle ou un couple surtout en période de reproduction. Vous êtes prévenu ! 😉

      Bonne soirée

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  2. max

    Pourquoi un oiseau de proie chante-t-il?
    Outre la protection de son territoire, n’est-il pas plutôt pertinent de rester silencieux?

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    1. OtusScops Auteur de l’article

      Le chant fait partie intégrante du comportement des oiseaux: Ils chantent pour attirer une femelle et signaler leur présence sur un territoire aux congénères. Le chant est un moyen de communication, sans communication il n’y aurait que des individus isolés.
      Par ailleurs, à chaque activité correspond un comportement ad hoc: à la parade nuptiale le mâle doit se faire remarquer (il chante, claque des ailes), à la chasse il faut être discret (les rapaces nocturnes ont un vol extrêmement silencieux).

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  3. julie

    J’aime beaucoup votre site mais je voudrais savoir , pourquoi ne mettez vous pas d’autre espèces de chouettes (chouette tachetée) ?

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  4. Sandrine

    Bonjour,

    Je souhaiterais savoir s’il est possible d’utiliser certaines photos qui illustrent votre site pour une présentation lors de la prochaine nuit de la chouette, mais je ne parviens pas à trouver votre contact; pourriez-vous m’indiquer une adresse mail à laquelle je pourrais vous joindre ?

    En vous remerciant

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  5. Neuillet

    Bonjour,
    Je souhaiterai savoir Pourquoi des chouettes hulotte se regroupent sur un même arbre?
    J’ai à côté de chez moi 7 oiseaux nocturnes dans le même arbre.
    Merci de me répondre
    JFN

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  6. Apiclaudy

    bonjour à tous ,

    depuis quelques jours (mois de Février), d’un bosquet situé à environ 100 m de ma maison, s’élève un cri de ce que je pense être celui d’une chouette hulotte mâle (hou …. ou, ou ,ou modulé assez caractéristique… )
    mais ce qui m’étonne c’est que la « bête » pousse son chant tous les jours et à la même heure vers 12h / 12h30… et ce une à deux fois pas plus…

    quelqu’un peut-il m’en dire plus?? pourquoi ce chant diurne en milieu de journée?? pour quelle circonstance??
    nous sommes début février, est-ce peut-être pour attirer une femelle??
    si c’est le cas puis-je en conclure qu’un couple vas se former et qu’il va nidifier dans ce bosquet??

    merci à tous pour votre concours

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  7. Jean Christoph

    Bonjour,
    J’ai une chouette ou un hibou qui vient régulièrement crier dans mon jardin. J’en ai fait quelques photos tant bien que mal mais je ne trouve pas de correspondance sur Internet. Où puis-je envoyer mes photos en vue de l’identification de l’espèce ?

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  8. Sambourg liza

    Suite à l’observation quotidienne d’un nichoir d’effraies via une webcam sur vivara, j’ai constaté que sur une nichée de 7 jeunes, dont le 1er est né le 7 mai 2017, tous les petits ont progressivement disparu jusqu’au dernier en 5 semaines. Le 6 juin, j’ai pris une photo d’écran montrant les 3 aînés et les ailes encore duveteuses d’un cadet à même le sol… or on dit qu’il n’y a pas de caïnisme chez les strigiformes.
    Comment alors expliquer tout cela?
    J’ai différentes photos d’écran des différentes étapes, que je peux vous envoyer.

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